mardi 3 mai 2016

Ma petite Halima

 Ma petite halima

Mes parents avaient eu sept enfants,
 quatre garçons et trois filles.
D'un point de vue ordre de naissance,
 j'étais le quatrième.
Les trois qui m'avaient précédé,
une fille suivi de deux garçons,
furent décédés, à un âge très bas.
Moi, je l'avais échappé belle, 
grâce à Allah.
Ma sœur Halima était venue au monde,
un an et demi, après ma naissance.
J'avais une nièce, Zoubida, orpheline de père, 
sa mère était ma tante paternelle.
Cette nièce était la sœur de lait de mon frère Mahjoub,
 Elle était donc ma sœur, selon la tradition musulmane.
Mahjoub avait attrapé la maladie de la diphtérie
et fut décédé avant ma naissance.
 Zoubida était mon initiatrice à tant de jeux.
 Dans le cadre de ce récit d'enfance,
 je vais me focaliser sur Halima uniquement,
pour deux raisons:
* j'étais son guide de jeu,
* elle était mon sujet d'occupation et de distraction.
Halima ne m'opposait aucune résistance. 
Elle me suivait partout où j'allais, 
au rez-de-chaussée de la maison,
à la terrasse, en escaladant les escaliers 
dont la contre-marche était haute 
par rapport à ma capacité de monter, 
et surtout à la capacité de pousser halima devant moi. 
Ma petite soeur aimait tant gravir, comme moi, 
les marches pour arriver à la terrasse.
Cette dernière était pour nous un lieu de jeu merveilleux,
et un espace de découverte extraordinaire.
Tout d'abord il y avait une cage 
où logeaient un coq avec ses deux poules.
J'éprouvais tout un malin plaisir 
de pénétrer dans cette cage mystérieuse 
avec l'espoir de ramasser un ou deux œufs.
Ce qui nous faisait peur à moi et à ma petite sœur,
c'était de rencontrer, un mouton ou une chèvre.
"A quoi sert les cornes? hum?!" 
m'interrogeais -je à l'époque.
On rencontrait souvent, sur la terrasse,  
des moineaux, des pigeons, des fourmis, 
parfois des abeilles ou même des guêpes.
Je ne m'imaginais jamais à cette âge
que ces insectes pourraient piquer
Combien de fois j'avais essayé d'en attraper une, 
mais je n'avais jamais réussi.
Parfois j'apercevais un chat 
venant rôder autour de la cage,
ce qui terroriser le coq et ses poules.
Sur la terrasse, il y avait souvent plein de grains 
de blé ou d'orge
qu'on avait étalés pour les faire sécher.
C'est sur cette plage de céréales
que j'avais instinctivement essayer de nager, 
sans avoir jamais vu la mer, ou entendu parler d'elle.
Ma petite sœur Halima avait toujours aimé me suivre 
dans mon élan de jeu, imitant mes gestes.
Avec halima, j'avais l'impression d'être un adulte
qui savait ce qu'il faisait d'utile et d'agréable.
Ma mère me grondait chaque fois qu'elle découvrait
que j'avais osé pousser Halima
 jusqu'en haut des escaliers.
Ma mère avait peur d'un quelconque accident
qui pourrait être fatal pour moi,
et surtout pour ma sœur.
Parfois elle me bastonnait à cause de mes actes incontrôlés.
Quand ma tante Elyaqute m'emmenait chez Sy Mekki,
à cette fameuse boutique garderie,
Halima pleurait, 
car elle ne voulait jamais se séparer de moi. 
Dès mon retour de la garderie, 
Halima poussait un cri de joie pour me signifier 
qu'elle était heureuse de me voir à nouveau auprès d'elle.
Un matin, à mon réveil tardif, je voyais ma mère,
mes deux tantes, ma sœur de lait et des voisines, 
toutes pleuraient à chaudes larmes.
Je cherchais des yeux Halima, je ne la voyais pas.
Je m'interrogeais sur son absence 
mais personne ne me prêta attention.
Soudain je vis mon père qui rentra, 
accompagné de deux voisins.
Il accéda à la pièce où on dormait tous, 
mes parents ma petite sœur et moi. 
La seconde pièce était réservée
à mes deux tantes et ma sœur de lait.
Aussitôt après, mon père quitta la pièce
tenant entre ses mains un objet enveloppé d'un tissu blanc.
Les femmes haussèrent le ton de leurs cris.
mon père leur somma de se taire.
Puis il quitta la maison pour n'y revenir 
que tard dans la journée.
Les jours se succédaient sans que personne ne me disait
où se cachait ma sœur Halima.
Ce n'était que plus tard qu'on m'emmena 
au cimetière Sidi Messoud, 
et ce fut là où l'on me montra six tombes,
celle de ma grand-mère paternelle,
celles de mes deux frères aînés,
celle de ma sœur aînée,
une cinquième abritait le mari de ma tante paternelle.
Ma mère m'indiqua une toute petite tombe 
encore toute fraîche, et me dit: 
" C'est ici où Halima dort".
Quelques jours plus tard, 
ma tante Elyaqute, sur ordre de mon père, 
m'emmena à l'école coranique 
qui se trouvait à l'étage de la mosquée 
qui portait le nom du Saint Sidi Messoud
dont le tombeau était exactement en face de la mosquée.
Ma petite Halima dormait 
au cimetière adjacent au tombeau.
Durant mes allers et retours à l'école coranique,
l'envie de rendre visite à Halima me saisissait. 
Mais ma tante Elyaqute qui m'accompagnait,
refusait de me satisfaire.
En principe, la plupart des histoires d'enfants 
se terminent bien.
Celle de Halima a une fin triste, 
si triste que j'ai gardé au fond de moi-même 
les traces indélébiles de cette tristesse.
Halima ne m'a jamais quitté.
Halima a grandi avec moi, au fin fond de moi-même.
Tous les bébés filles que j'ai rencontré 
au courant de ma vie
m'ont fait penser à Halima.
Halima je te dédie cette feuille d'enfance,
ta feuille d'enfance.
Dors en paix, petit oiseau vert du Paradis.
ton frère qui t'aime bien.
hamid albachir
20 Mai 2009

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