lundi 21 novembre 2016

Arrache mon coeur


Arrache mon coeur

avertissement aux lecteurs
certains pensent que les idées noires
n'ont pas d'aspect positif; 
c'est vrai quand il y a de l'excès; 
un grain d'idée noire est comme 
du piment piquant, 
quand on le goûte, il pique, 
mais on éprouve tout un délice indescriptible,
et ça donne envie d'en goutter encore,
malgré la brûlure à la langue et aux lèvres. 
l'idée noire est un piment piquant;
elle brûle l'esprit, souvent même le cœur, 
mais à force d'en goutter,
le délice devient ravageur.
gare à celui ou celle qui en devient dépendant;
c'est pire qu'une drogue forte,
et ça conduit droit à l'hôpital psychiatrique,
ou au suicide lent, voire au suicide violent.

000
en guise d'introduction
"arrache mon cœur"
est un essai littéraire
qui traite un thème, vieux comme l'humanité,
qui ne cesse de s'afficher à l'ordre du jour,
parmi les thèmes graves qui entravent la marche du temps
constituant ainsi, la charpente de base 
des événements pénibles de l'histoire de l'humanité.
c'est le thème des idées noires, leurs causes et leurs effets.
est-ce par pessimisme qu'on a des idées noires,
ou au contraire, parce qu'on a des idées noires qu'on est pessimiste?
cet essai n'est pas un traité de psychanalyse ou de psychiatrie,
ce n'est pas non plus un traité de sociologie ou de l'histoire sociale;
néanmoins, il use de la méthode psychanalytique
pour dialoguer avec l'acteur principal,
il se sert, en outre du registre des termes psychiatriques
pour mieux étoffer le profil de notre acteur,
cet individu pessimiste au plus haut degré,
qui ne cesse de tisser des idées noires
qui l'empêchent de prendre conscience
de son époque, de sa cité et de sa condition humaine.
l'essai par ailleurs s'inspire de la méthode sociologique,
pour intégrer notre pessimiste dans sa cité.
enfin, une légère dose de comique a été introduite
comme une pincée d'épices,
pour éviter au développement de l'essai
toute monotonie du mouvement général:
le pessimisme étant tragique par ses effets,
la comédie est un redresseur de mouvement,
celui-ci devient ondulatoire,
comme le mouvement des vagues.
la tragi-comédie est un style théâtral
qui place le lecteur, ou le spectateur,
dans une situation paradoxale,
laquelle lui donne envie en même temps de pleurer et de rire.
le théatre de la vie, lui aussi, est ainsi dans sa réalité toute crue,
tantôt miel, tantôt fiel.
000

arrache mon cœur!
 la porte d'entrée se ferme derrière moi,
et la seule lucarne de la cellule où je me trouve
se ferme, ne laissant pénétrer aucun rayon de lumière,
empêchant le moindre souffle d'air de s"infiltrer;
et dire que, loin de ma cellule, il fait grand jour,
loin, très loin de ma cité, on se baigne de lumières;
là-bas dans des contrées lointaines,
à l'île des sirènes,
au pays des amazones,
tout au moins je suppose;

c'est ce que l'école m'as appris,
c'est ce que les médias m'ont présenté;
dans ces contrées lointaines,
le soleil est roi,
et dicte ses lois,
aux pierres qui attendent,
aux plantes qui poussent,
aux animaux qui se disputent,
le vent voyage,
et distribue ses messages,
de pierre en pierre,
de plante en plante,
d'oiseau en oiseau.
et la rosée offre le nectar de la vie,
aux pierres qui font pousser les plantes,
aux plantes qui font nourrir les animaux.
et moi dans ma cellule?
qui m'enverra un rayon de lumière?
qui me transmettra un message?
qui me donnera une gouttelette de rosée?
un parent? je n'en ai pas,
un ami? je n'en ai pas,
un voisin? je n'en ai pas.
même mon moi ne m'a jamais appartenu.
je n'ai pas vécu, je ne vis pas.
les pierres le long de la vallée,
dégringolent sous le tempo du courant fluvial,
en jouant une pièce d'amour.
les plantes, rassemblées par affinité,
dansent la samba de l'amour,
les oiseaux, en demi-cercle ou en delta,
chantent l'hymne de l'amour,
moi, dans ma cellule,
je ne chante pas,
je ne danse pas,
je ne joue pas.
à l'extérieur de ma cellule, la cité est interdite,
à tout être humain;
il n'a plus droit de cité,
car il a détruit la cité,
il a transformé la cité en ruines,

il a aboli la loi de la cité,
il a aboli les lumières,
et les rats, au crépuscule, ont envahi les ruines,
ils ont envahi la cité,
ils se sont approprié la cité,
elle est devenue la cité des rats.
à l'intérieur de ma cellule, il fait noir,

les objets ont perdu leurs valeurs,
leurs formes et leurs couleurs;
au fait, ils n'existent plus;
et le néant s'est répandu partout;

à l'intérieur de moi, il fait noir,
horriblement noir,
je n'ai laissé persister
aucun rayon d'espoir.
mon esprit est plein d'idées noires:
" la vie est absurde, hein?",
" à quoi bon continuer de vivre, autant en finir?",
"à quoi sert une corde, un couteau, un pistolet?",
tout mon être est rempli de haine, d'amertume, de désespoir;
le stress devient mon ami;
j'ai la jugeote sur le point d'éclater;
ma tête devient un brasier;
je risque de devenir un rat,
mais un rat de cellule,
ou un rat de campagne.
je ne veux pas me transformer en rat de cité.

soudain un éclat de lumière traverse ma tête embrasée;
une voix me dit tout bas:
du calme, ne t'affole pas,
tu risque de perdre la raison,
cette foutue raison qui ne t'a jamais servi à rien,
sauf, peut être quand tu étais à l'école publique,
juste pour passer les examens;
tu te rappelles?
ces examens que tu avais passés avec brio,
avec mention, même souvent avec mention très bien,
et des applaudissements!
ah! oui! tu te souviens aussi des concours, des entretiens d'embauche,
quoi? tu dis que ça n'a servi à pas grand chose?
que tu es fils de chômeur que Dieu ait son âme,
que tu as étudié en chômeur,
et tu es devenu un grand spécialiste du chômage?
eh bien! c'est parfait!
avec la crise mondiale, en ce moment, tu vas pouvoir être recruté!
ma parole de rat!
ah! pardon ma parole tout court!
maintenant, hein! écoutes moi!
l'important c'est que tu es dans ta cellule,
tu ne fais pas partie de la société des rats,
tu n'es pas citoyen de la cité des rats,
cette cité qui dérange,
qui corrompt et démange,
qui répand la nausée,
qui suffoque et étouffe,
et qui empêche d'exister.
qui empêche même de mourir
tranquillement, paisiblement.

à la cité des rats, pour mourir il faut une autorisation,
c'est drôle! tu ne trouves pas!
et le chemin pour l'avoir est complexe et long;
ce n'est pas parce que la vie humaine a de la valeur,
détrempes-toi!
mais tout simplement parce que c'est une affaire de statistique:
* pourquoi veux-tu démissionner de la vie?
* quel moyen choisis-tu pour cesser d'exister?
* dans quel lieu veux-tu être enterré ou incinéré?
*peut-être que tu veux faire don de ton corps à la science?
le questionnaire a été conçu par des experts en la matière,
leurs honoraires sont équivalents à ceux des experts des nations unies,
c'est bien! ce qui prouvent que ce sont des experts de très gros calibre.
tout ça pour que le candidat à la vie de l'au-delà
puisse quitter celle d'ici-bas avec beauté;
car dans la cité des rats, on est civilisé,
et tout procédé primitif pour mettre fin à la vie
est formellement interdit par la loi des rats.
mais moi, ce qui m'intéresse, c'est mourir,
à la méthode primitive,
je veux quitter ce bas-monde, à la méthode des anciens.
c'est pourquoi je me suis barricadé à l'intérieur de ma cellule;
à titre d'information, ma cellule n'est pas encore envahie par les rats;
mais ce n'est guère pour longtemps!
c'est que les rats ont des écoutes dernier cri technologique,
il y a des robots-serpents équipés en micro-caméras
qui se faufilent à travers les fissures, les trous,
pour collecter des informations sur l'ensemble de la cité,
les robots-serpents sont branchés sur un système informatisé
de traitement instantané de l'information;
c'est que toute information est utile pour la sécurité des rats,
et les statistiques sont avides d'informations;
et sans les statistiques, les rats ne peuvent pas établir
un plan de sécurité efficace.
nous sommes à l'ère des serpents au service des rats;
c'est fini le temps où les serpents se régalaient de rats.
mais si je reviens à ma situation du dernier des mohicans,
vous vous rappeler de ce western cinq étoiles!
mes frères mohicans de la cité ont tous été,
soit exterminés par les rats,
soit déportés vers une autre galaxie,
là où vivent, paraît-il, certains extra-terrestres.
la seule félicité qui me reste est la mort;
elle est l'amie qui me reste.
tu sais toi qui m'écoute, sans me voir,
quand la mort s'installe, elle ne te quitte plus.
la vie, par contre, ne prévient pas quand elle te quitte,
elle se retire comme un serpent(l'ancien).
alors finissons en!
je m'allonge sur le sol glacial,
je ferme les yeux, non pas pour ne rien voir,
car tout est fermé,
il n'y a pas de lumière;
je ferme les yeux, tout simplement,
pour attirer la mort.
Ô! mort merveilleuse,
minou! mimi! miaou!
viens tout près de moi!
viens en moi!
touche mon cœur, il est tout chaud,
caresse le, prends le dans ta main de glace,
étouffes le, ôtes lui toute trace de vie,
rends le inanimé, arrêtes ses battements,
transformes le en bloc de glace,
comme ta main glacée, ta nature glacée.
maintenant, j'entends bouger quelque chose autour de moi,
cette chose s'introduit au fond de mes entrailles,
cette chose commence à vibrer comme une timbale,
et je n'arrive pas encore à la définir, à la saisir,
la chose bizarre commence à battre de l'aile,
c'est quoi donc?
elle a des ailes?
c'est donc un objet qui vole?
peut être un oiseau?
ou une chauve-souris?
mais quel genre d'oiseau?
car sûrement c'est un oiseau,
il introduit violemment ses griffes
dans la chaire de mon cœur,
quoi?
c'est un rapace?
un aigle, le roi des cieux?
je sens mon cœur s'arracher de mes entrailles,
comme le cœur d'une offrande humaine
pour les dieux des aztèques.
je garde toujours mes yeux fermés,
j'attends une déclaration d'amour,
de la mort qui me rend visite,
à sa manière,
par passion, elle arrache mon cœur;
quel bonheur!
je vais enfin me libérer de la vie,
cette infidèle qui n'a jamais connu le bel amour.
les mêmes griffes qui ont arraché mon cœur,
par je ne sais quel mystère,
sont en train de le replacer là où il se trouvait;
mais sens dessus, sens dessous,
c'est quoi ce montage à l'envers?
et l'oiseau invisible de répondre:
homme!
tu as vécu toute ton existence,
avec un cœur à l'envers,
un espoir à l'envers;
maintenant relève toi,
ouvre les fenêtres et laisse pénétrer la lumière,
ouvre la porte et quitte ton espace de chimère,
la vie n'est pas ton ennemi,
bien au contraire, elle est ton amie,
seulement tu la voyais à l'envers,
la vie n'est pas non plus un paradis,
mais un champs de travail, de sueur, de peine,
c'est aussi un jardin plein de roses, d'oiseaux,
il suffit de savoir cultiver, d'arroser,
savoir patienter pour cueillir plein de fruits.
la mort n'est ni une amie, ni un ennemi,
la mort est un destin qui n'arrive ni avant, ni après,
mais à point nommé.
mais à ton enseigne, homme,
je ne suis pas la mort,
mais l'essence de la vie.
et l'oiseau invisible s'envole et disparait.
je quitte ma cellule, ce cachot lugubre,
aux ténèbres denses;
j'abandonne mes idées noires,
je me libère de mon désespoir.
à l'extérieur, c'est plein de lumière,
une lumière qui charge mes yeux d'énergie,
qui charge tout mon être de substance vitale.
je respire pour la première fois,
à plein poumons,
l'air de la vie, l'air de l'espoir.
je vois des gens, comme moi, comme toi,
qui bougent, travaillent,
s'entraident pour rendre la vie belle,
pour la rendre agréable:
le cultivateur laboure sillon par sillon, animé d'espoir,
le maçon construit, pierre sur pierre, édifiant avec art,
le forgeron, le menuisier, le peintre et les autres,
tous participent à l'œuvre humaine;
ils savent que le labeur est dur,
mais chantent,
pour alléger leurs peines,
l'hymne de la vie et de l'espoir.
j'ai compris alors que ma raison d'être
est d'effectuer, comme les autres, mon devoir.
§§§
en guise de conclusion

quand l'être humain subit des dégradations profondes
à cause des atrocités de toute sorte;
quand il est marqué dans sa chaire, son cœur et son esprit,
par des blessures et des balafres indélébiles;

et s'il n'a pas perdu déjà la vie ou la raison,
à cause de la condition dramatique qu'il vit,
il est pris alors inéluctablement dans la toile des idées noires,
les idées pessimistes,
lesquelles sont l'effet de la réaction de défense naturelle;
cette réaction est sentie à travers tout son être.
la victime, appelons le gentiment patient, perd son self-control,
elle perd aussi sa volonté, sa dignité, sa raison d'être.
son physique, s'affaiblissant, est exposé à toutes sortes de maladies,
son psychique est détérioré par les effets cumulatifs de sa santé
physique instable;
son affectif perd toute orientation sociale, sa relation familiale,
en premier est brisée, et par effet de dominos, ses relations sociales
deviennent de plus en plus difficiles, voire insupportables;
son mental va complètement éclaté en perdant toute assise logique.
les causes fondamentales sont nombreuses:
les catastrophes naturelles telles que des séismes,
des explosions volcaniques, des raz de marée, des incendies de forêts; 
les guerres à caractère ethnique, racial, confessionnel ou hégémonique,
les injustices d'ordre social, économique, politique.
à propos, il est déplorable de constater que
le vieux dicton
" le malheur des uns fait le bonheur des autres"
est cyniquement vérifié.
l'ordre sauvage règne en maître absolu,

la loi du plus fort devient la règle du jeu.
le phénomène des idées noires acquiert,
actuellement, un caractère mondial,

il se propage comme des laves volcaniques
qui ne laissent aucune trace de vie sur leur passage.
on se penche sérieusement sur des épidémies,
telles que le sida, la grippe porcine,
qui causent certes de lourdes pertes à l'humanité;
on se préoccupe aussi des problèmes
de la dégradation de l'environnement,

quoique les pollueurs de tout clan
et de tout bord ne baissent pas les bras,

afin de ne pas perdre leurs intérêts
économiques, financiers et politiques.

mais que fait-on pour trouver des solutions
pour éradiquer les idées noires qui poussent au suicide,
au génocide, au parricide, au fratricide?

cet article tente, avec modestie, de sensibiliser la conscience
de tout un chacun et , la conscience collective.
il reste néanmoins un simple point de vue,

car nul n'est à l'abri d'une idée noire fatale.
contrairement à ce que l'on pense,
le pessimisme maladif a son aspect épidémique.
ce point de vue incite à la réflexion,
pourquoi pas à un débat;
le lecteur est invité à prendre part.
§
nota: l'essai parait long,
surtout avec une mise en situation
pour faciliter la compréhension de l'essai
et une conclusion dont l'objectif
est de sensibiliser le lecteur au danger des idées noires,
la rédaction électronique centrée avec des lignes courtes
par souci d'esthétique de la présentation,
donne cet impression de longueur.
ayez le courage de terminer la lecture,
à vous de juger après.
§
les faits sont de pure imagination
toute ressemblance à des personnes est de pure coïncidence
écrit par hamidalbachir
le 17/06/09

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