Dialogue de sourds
souvent dans la vie de couple
s'installe la routine,
et si on ne fait pas attention,
elle commence lentement à corrompre
les attaches de la vie conjugale;
le temps affectif devient le temps tout
court,
le temps devient incolore, inodore;
le couple alors vit à l'heure de
l'indifférence,
la communication devient de plus en plus
lâche;
les conjoints sont transformés en deux
superbes robots,
ils se rencontrent cybernétiquement
selon un programme.
et c'est ainsi que les liens commencent
à casser,
un à un,
la chute vers les abîmes de l'oubli
devient inévitable.
l'indicateur s'appelle: dialogue de
sourds!
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et je te cherche, tu es en moi et je te cherche,
c'est que je cherche ton
coeur, il me manque,
je cherche ton âme, elle me manque,
tu es devant moi en moi, mais tu n'existes pas,
tu n'existes plus, tu es trop occupée de
toi-même,
avec toi-même, moi je ne compte plus pour
toi,
même les autres ne comptent
pas pour toi,
tu es éprise de toi-même,
tu es amoureuse de toi-mêmen
tu es narcisse en personne devant le miroir,
tu restes une éternité devant ce maudit miroir,
je peux faire le tour du
monde et quand je reviens,
je te trouve encore
collée à ton miroir,
on dirait que ce miroir a
ceci de magique qu'il t'introduit dans un
autre espace,
un espace où tes rencontres
sont avec toi-même,
tes discussions sont avec
toi-mêmet,
u ne t'apperçois même pas
que je suis derrière toi,
à côté de toi,
et je t'entend discuter avec
toi-même,
tu t'adresses la parole:
" bonjour! comment ça
va?"
et tout bas, tu te dis:
" tu vois mon beau
miroir, mon fidèle ami de tout
temps,
je n'ai que toi avec qui
parler,
mon mari n'est pas là"
et moi de crier:
" mais je suis derrière
toi, mes doigts effleurent ton
dos,
mais tu ne les sens pas,
mon souffle risque de brûler
ta peau,
mais tu ne le sens pas"
et toi, constamment occupée
avec ton miroir,
totalement absorbée par ton
miroir;
ma parole, je suis jaloux de
ce miroir,
un de ces quatre matins, je
vais le briser en mille morceaux,
non, je ne peux pas le
faire, car je risque de te briser
avec.
si au moins ce miroir te
permet de te faire belle pour moi,
non même pas,
tes flacons de parfums sont
presque toujours pleins,
tes peignes, tes brosses
sont presque neufs,
alors ce miroir?
qu'est-ce qu'il a de
mystérieux?
"ce qu'il a de mystérieux mon
cher, dis-tu, c'est qu'il te remplace,
j'aurais bien aimé que tu
sois mon miroir,
mon beau miroir, mon miroir bien-aimé,
mais quand je suis en face
de toi tu es terne, tu es effacé,
tu ne reflètes rien, ton visage est froid,
non pas à cause du climat, non,
nous sommes en pleine
saison d'été,
c'est notre climat à nous
qui est froid,
quand j'interroge ton
regard, il m'évite,
et pourquoi
m'évite-il?
tu peux répondre?
non, bien sûr tu ne peux pas
répondre,
mes parfums, mes peignes et
mes brosses?
mais me faire belle, pour qui?
je ne suis pas narcissique,
détrempe-toi,
le miroir me sert de support
tout simplement
pour observer les cernes qui
envahissent mes yeux,
à cause des insomnies,
sais-tu que je ne dors pas,
non, tu ne le sais pas,
mais c'est à cause de ton
indifférence,
ton arrogance,
souvent même de ton imbécillité ,
alors ne me parle pas de
mon miroir,
laisse le tranquille,
lui, au moins, il m'est
fidèle,
quand j'ai besoin de lui, il
est là,
sais-tu qu'il me console,
mon miroir, mon beau miroir?
sais-tu qu'il me conseille,
mon ami le miroir?
sais-tu qu'il veille avec
moi,
quand tu n'es pas là?
et tu es rarement là,
et dis-moi au juste, que fais-tu
exactement dans la vie?
je suis ta chérie?
bizarre!?
je ne sais même pas ce que
mon compagnon fait dans la vie!
combien de fois ma mère me
pose cette question,
et j'ai eu toujours du mal à
trouver une réponse convaincante.
combien de fois je me sens embarrassée,
devant mon frère, mes
soeurs,
mes amies et nos amis,
au sujet de ta profession;
monsieur est diplomate?
homme d'affaires?
on voit qu'il voyage
beaucoup,
que dois-je répondre?
que c'est top secret?
alors, va dormir, et laisse
moi tranquille,
laisse moi avec mon ami le
miroir,
si non, c'est moi qui vais
casser ta belle figure,
en sacrifiant mon beau
miroir.
hamid albachir
juillet 2009
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